jeudi 11 octobre 2007

Juste à point ? Mets-en !

Les Langues Fourchues lançaient leur troisième album vendredi dernier au CRAPO (centre régional d’animation du patrimoine oral). Quelques jours avant ce lancement Évelyne Gélinas, flûteuse de l’ensemble, m’avait remis l’album en me faisant promettre que si je n’assistais pas au lancement dans Lanaudière je serais présent au lancement à Montréal le 6 novembre prochain (lancement qui a lieu au Cabaret du Roy dans le Vieux Montréal). Je ne sais trop si je me suis engagé à ne parler de l’album qu’après le 6 novembre mais dans le cas où elle me reprocherait d’en avoir fait une critique prématurément je lui répondrai qu’elle ne s’est pas exprimée clairement et que Nicolas Bellemare a déjà fait part de ses impressions dans le cadre du 4@5 lundi dernier.

Juste à point, c’est le titre de l’album. Je vous disais que cet album est le troisième de leur discographie. Les Langues Fourchues ont eu, au fil des ans, à surmonter quelques départs douloureux. D’abord, après leur premier cd, Pierre-Luc Dupuis, figure de proue des LF, quittait le groupe pour se joindre à La Bottine Souriante. Lourde perte. Sur l’album suivant je découvrais une bonne accordéoniste et une v’limeuse de bonne chanteuse en Josiane Hébert qui remplaçait le beau Pierre-Luc. Josiane, elle aussi, annonce qu’elle quitte le groupe pour se consacrer à d’autres projets. Oh boy ! Y a pas que ça. Nicolas Pellerin décide à son tour de quitter Les Langues Fourchues. Il ne parvient plus à jouer à la fois pour les Langues Fourchues et le Bébert Orchestra. On peut comprendre qu’il ait choisi de continuer avec la gang à Lambert. Yves semble d’ailleurs beaucoup apprécié celui qu’il surnomme gentiment Bidou et ne manque pas de répéter qu’il est un allié de choix dans son orchestre. Well… Ne restait plus que Pascal Béland, Jean-François Branchaudet Evelyne Gélinas. Vous me direz que c’est déjà pas mal. Pas faux. N’empêche que le groupe se sentait un peu dépouillé et c’est pourquoi il s’est tourné vers Martin Langlais, accordéoniste et gigueur de talent, pour lui proposer une place au sein de la formation.

Avec tout ce mouvement je m’attendais à un album de transition, à un album moins bon que les précédents. Que Dieu me punisse. Comment ai-je pu les sous estimer ? Juste à point est un sapré bon album. Il est clair que sur le plan musical les membres originaux se sont tous améliorés depuis 5 ans. Tout spécialement Evelyne, qui avec sa flûte, joue avec beaucoup plus d’aplomb. Je remarque que son jeu a un effet rayonnant sur tout l’album. Elle est désormais l’une des bonnes flûteuses de la scène trad au Québec. Jean-François se distingue lui aussi sur ce nouvel album. Musicien polyvalent s’il en est un, Jean-François est maintenant le leader de cet ensemble. C’est la voix principale, ce qui n’étonne guère lorsque l’on connaît les albums précédents. Jean-François est un bon chanteur dont le potentiel n’a pas atteint sa pleine mesure, loin s’en faut. Dans quelques années il sera considéré comme l’un des 10 meilleurs chanteurs trad de la province. Il a une belle voix avec de la profondeur, de la rondeur, de la chaleur, de l’expression,… Souhaitons seulement qu’il ne soit pas arraché à cette formation. Qui sait si un jour ce ne sera pas Les Langues Fourchues qui seront en position pour faire du "pillage" dans d’autres ensembles.

Ce troisième album est enthousiasmant. Que oui. On y entend du rythme, de la couleur, du plaisir, de l’énergie. Sur 14 plages, on compte une dizaine de belles chansons. Parmi elles, il y en une de la Bolduc Aux chauffeurs d’automobiles. Il y a aussi quelques chansons humoristiques. Également une chanson a capella très réussie, Buvons chers camarades.
Si sur cet album Evelyne et Jean-François se partagent l’interprétation des chansons, sur leur prochain nous entendrons sûrement la voix singulière de Martin Langlais qui est une heureuse «acquisition» pour Les Langues Fourchues. Martin n’est membre que depuis quelques mois seulement.

Je souligne que Juste à point est un autre album enregistré au Studio de la Côte Jaune à St-Côme. Combien en ont-ils produits cette année ? Ce que j’entends c’est qu’il s’y fait du bon travail.

Voici les Langues Fourchues
Jean-François Branchaud : violon, banjo, basse, pieds, voix et réponses
Pascal Béland : guitare, mandoline, réponses
Evelyne Gélinas : flûte traversière, flageolet, harmonica, voix, réponses
Martin Langlais : accordéons, gigue, réponses

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