mercredi 7 mai 2008

On ne réinvente pas l'eau chaude

Genticorum

Ce soir le trio Genticorum participait à l’émission Tradosphère de CIBL. Vous pouvez téléchargez l’émission sur le site www.tradosphere.com Vous entendrez bien sûr des extraits de leur plus récent album La Bibournoise de même qu’une chanson et un reel que le groupe a joué en direct. Il s’est dit un paquet de truc durant cet entretien. Il a été notamment question de composition. Il est intéressant d’entendre Pascal Gemme expliquer comment il compose un reel. Si j’ai bien compris, les fois où il « jam » avec d’autres musiciens ce sont là autant d’occasions de faire du pillage dans le répertoire de chacun pour ensuite transformer ce qu’il a entendu à sa façon. Au fond se trouve-t-il une autre façon de composer, on ne réinvente rien comme l’expliquait l’ethnologue Robert Bouthillier dans un texte que j’ai le goût de reproduire tout de suite. Je reviens. J’ai retrouvé ce passage que l’on retrouve dans un mémoire qu’il a écrit à l’attention de la Ministre de la culture et dont j’ai souvent parlé dans ce blogue. En relisant l’extrait je me dis que cet extrait est encore plus pertinent que je ne l’imaginais. Est-ce que la composition peut se concilier avec la tradition ?

La tradition est par définition dynamique et évolutive. Elle va vers le futur en passant par le présent. Ce qui ne veut pas dire qu’elle aille dans tous les sens : elle est contrainte par un ensemble de facteurs qui tiennent à la fois de la psychologie humaine et du fonctionnement de toute société. Même lettrée, même savante, même lorsqu’elle se prétend iconoclaste, même quand elle revendique la création et la nouveauté, la culture est toujours peu créative et essentiellement répétitive. Les « créateurs » passent leur temps à réinventer l’eau chaude… : personne de construit une maison sans utiliser un plan établi selon des normes, des techniques, des écoles de pensée ; personne ne compose une chanson ou une symphonie en réinventant les lois de la poétique, de l’acoustique et de l’harmonie.

Bref, nous sommes tous contraints par des choses qui nous dépassent et auxquelles nous nous conformons depuis des siècles. Les écoles littéraires, les écoles de peinture, les courants artistiques ou musicaux, les religions, la politique… tous sont inscrits dans des traditions dont ils ne se « libèrent » que pour entrer dans d’autres.


Manquerai pas ça.

Attention, j’entends Nicolas, alors que je prends note des chansons qui jouent durant le 4@5 de CFNJ, nous dire que désormais une heure complète de musique traditionnelle jouera tous les jours de la semaine entre 5h et 6h…du matin. Ajustons nos cadrans. Je suis impatient de croiser quelqu’un qui me dira avoir écouté cette portion de la programmation. Peut-être quelques vaches à St-Damase éveillées qui attendent que les trayeuses s’agitent sous leurs pies.

Aucun commentaire: